Le marché mondial de la santé au sens large s’élève, selon les estimations, à environ 6500 à 7000 milliards de dollars, ce qui correspond à environ 8,5 à 9,3 % du PIB mondial.
Des biotechs aux pharmaceutiques en passant par les medtechs, la santé offre un large ensemble d’activités économiques et reste une thématique porteuse, soutenue par des fondamentaux solides.

Pourquoi le secteur santé est-il si dynamique ?

Le secteur de la santé profite du double phénomène de l’augmentation et, simultanément, du vieillissement de la population mondiale, inévitablement liés à l’accroissement des dépenses de santé. Le monde entier consomme du soin et en consomme de plus en plus. Le marché est énorme, 20 fois plus important que le secteur du luxe, par exemple. Le marché mondial pharmaceutique à lui seul, a dépassé la barre des 1 000 Milliards de dollars en 2014.

Le spécialiste des données de santé IMS Health estime que ce marché pourrait atteindre 1400 Milliards en 2020. La consommation de médicaments des seniors, par exemple, dont la population devrait doubler dans les pays occidentaux dans les 50 prochaines années, est près de 4 fois supérieure à celles des moins de 65 ans. Les nombreuses innovations, issues des biotechnologies en particulier, qui vont arriver sur ce marché en croissance, vont contribuer à le dynamiser. Sur le long terme, l’État et les services publics ne seront pas en mesure de prendre en charge ces dépenses et le secteur privé sera inévitablement amené à prendre le relais.
L’augmentation de la population et du niveau de vie dans les pays émergents est l’autre opportunité macro-économique qui bénéficie au secteur de la santé. Entre 2007 et 2010, les dépenses de santé ont augmenté de 16% au niveau mondial mais cette progression a été de plus de 94% en Chine, qui devrait représenter d’ici 2050 le plus important marché des produits pharmaceutiques du monde. L’Inde, où le nombre de diabétiques atteindra les 73,5 millions en 2025, est l’autre pays émergent avec un immense potentiel pour le secteur de la santé. D’autre part, la recherche d’importantes innovations technologiques et développement des thérapies offre une attrayante valorisation au secteur de santé, avec des anticipations de croissance. Paradoxalement, l’essor du secteur des génériques a fait en sorte que les pharmaceutiques commercialisent des produits avec des marges encore plus importantes.
Enfin, l’explosion annoncée de la E-Santé va encore augmenter les opportunités liées au secteur santé. Elle est constituée d’une multitude de systèmes connectés automatisant et facilitant :

  • la détection des incidents et accidents médicaux,
  • la prévention des maladies chroniques,
  • le suivi des patients traités au long cours,
  • et d’une manière plus générale le maintien le plus prolongé possible d’un « bien vivre », avant l’apparition des maladies.

L’étude « Global health’s new entrants: Meeting the world’s consumer », publiée en 2015 par le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), montre comment ces nouveaux entrants – entreprises ayant un cœur de métier totalement étranger à la santé ou bien qui se développent sur des segments nouveaux pour elles – deviennent les pionniers de la médecine virtuelle, d’options thérapeutiques moins coûteuses et plus commodes, du bien-être, du fitness, etc. Ces entrepreneurs changent la donne dans le domaine des soins et pourraient récupérer plusieurs dizaines de milliards de dollars de chiffre d’affaires actuellement générés par les acteurs traditionnels de la santé à travers le monde.

Le secteur de la santé dans les marchés financiers

Malgré l’éclatement de la bulle spéculative des nouvelles technologies en 2000 qui a impacté la biotechnologie, le secteur de la santé se porte particulièrement bien depuis la fin 2009, indifférent aux difficultés qui contraignent les actions européennes et nord-américaines.

Les indices biotech (vert) et healthcare (orange), comparés au CAC 40 (jaune)

indices-healthcare
Source: http://www.bloomberg.com/quote/NYP:IND/chart/
Les valeurs santé sont souvent mieux valorisées que la moyenne du marché.
Une des raisons qui pourrait expliquer cette hausse soutenue des indices ci-dessus est le fait que le secteur de la santé en Bourse soit plutôt large. “Le marché de la santé est reparti en quatre grands domaines d’investissement”, comme l’explique Alice Lhabouz, la gérante du fonds Trecento Global Healthcare :

  • Les pharmaceutiques, incluant les laboratoires de génériques;
  • Les biotechs et tout ce qui est science du vivant;
  • Les medtechs, c’est à dire tout ce qui est lié au matériel médical et à la E-santé,
  • Et finalement les services, comme les réseaux de cliniques ou encore les entreprises qui fournissent les logiciels pour les pharmacies, par exemple”.

Bien que corrélés, ces quatre domaines sont suffisamment diversifiés pour que le secteur de la santé n’ait pas trop à souffrir de la volatilité et reste un marché qui à tendance à performer plus que d’autres. Cette performance a été accentuée grâce aux petites et moyennes capitalisations. La diversification géographique joue aussi un rôle important pour un investissement dans le secteur de la santé, car l’Asie et les États-Unis restent les marchés les plus importants, tant au niveau du potentiel de consommation qu’au niveau d’opportunités d’investissement : il y a 440 sociétés du secteur de la santé en Asie, avec une capitalisation totale de 470 milliards d’euros et 363 sociétés aux États-Unis, avec un capitalisation totale de 1 500 milliards d’euros. Dernier atout du secteur de la santé : La valorisation du secteur est encore attractif : il n’est pas (encore) trop cher. “Le ratio VE / EBITDA  (ratio utilisé pour déterminer la valeur d’une société) est autour de 8, alors qu’il est autour de 20 pour les grandes sociétés côtés en Bourse”.

Dr Jean-Marc MENAT